Rencontre avec Sarah Ben Romdane, fondatrice de la marque d’huile d’olive KAÏA
Chaque mois, nous partons à la rencontre d’une
personne que nous apprécions et dont la vie ou le travail gravite autour de la food pour discuter de ses conseils pour un bel art de vivre.
Bienvenue dans notre Journal de Table !
En septembre, nous avons demandé à Sarah Ben Romdane, la fondatrice de KAÏA, une marque indépendante dont la mission est de changer l’avenir de l’huile d’olive tunisienne, de répondre à nos questions. Sarah produit une huile d’olive extra vierge certifiée biologique à partir d’olives
ancestrales exclusivement cueillies à la main dans la région de Mahdia en Tunisie. Sarah a eu un coup de cœur pour notre Tablier Soleil fabriqué à la main dans notre atelier de la Table à Marseille, en France, à partir de tissus anciens sélectionnés un par un et réassemblés en patchwork.
La transmission des olives cueillies à la main
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Sarah Ben Romdane, j’ai 29 ans, je produis de l’huile d’olive en Tunisie que je distribue à travers la marque que j’ai lancée, KAÏA.
Peux-tu nous parler de ta marque Kaïa et de ton amour pour l’huile d’olive ?
KAÏA est une marque familiale et indépendante qui a pour mission de changer l’avenir de l’huile d’olive tunisienne. Nous produisons une huile d’olive extra vierge certifiée biologique à partir d’olives ancestrales exclusivement cueillies à la main sur notre domaine familial de cinquième génération dans la région de Mahdia, d’où nous sommes originaires. Lorsque je me suis rendue à Mahdia à l’été 2020, après des mois d’angoisse d’enfermement liés au COVID, j’ai réalisé qu’il y avait quelque chose qui manquait à ma vie à Paris. Et c’était le goût de la lumière dorée du soleil tunisien ; le goût de la maison. Maintenant, je verse KAÏA sur littéralement tous mes plats et cela me rapproche magiquement de la Méditerranée et de mes souvenirs d’enfance des étés en Tunisie. Pour moi, l’huile d’olive est bien plus qu’un simple filet sur une salade. C’est un mode de vie et, surtout, un ingrédient sacré qui nourrit, soigne et illumine la vie.
Redorer le terroir tunisien grâce à l’huile d’olive
Quelles sont les particularités de ton huile d’olive ?
La première particularité est qu’elle est fièrement fabriquée en Tunisie. La plupart des gens ne savent pas que la Tunisie est le troisième pays producteur d’huile d’olive, et ce parce que de grands acteurs industriels profitent de la faiblesse de l’économie tunisienne pour acheter de l’huile d’olive en vrac à un prix inférieur en Tunisie, pour ensuite la mélanger à d’autres huiles d’olive et la revendre sous des marques européennes sans mention de son origine. Cette situation, dans laquelle la Tunisie est enfermée depuis trop longtemps, a des conséquences néfastes sur la population et la terre. La transparence et le terroir sont donc totalement effacés. Je crois qu’une autre voie est possible, une voie qui responsabilise notre peuple, respecte notre terre, met en valeur notre terroir et célèbre notre culture.
Mon huile d’olive est certifiée biologique par Ecocert, elle est fabriquée à partir d’olives monovariétales cueillies à la main sur des arbres centenaires, de manière artisanale par des femmes locales qui utilisent des connaissances et des méthodes traditionnelles transmises de
génération en génération. C’est une huile d’olive passe-partout qui
offre un équilibre parfait entre douceur et complexité.
Selon toi, qu’est-ce qui fait une bonne huile d’olive ?
À la fois la saveur et l’éthique qui la sous-tend. Une bonne huile d’olive est évidemment extra vierge, ce qui signifie que les olives sont pressées à froid dans les 48 heures et que le taux d’acidité de l’huile d’olive est inférieur à 0,8 %. Elle est d’origine unique et de préférence monovariétale. Elle doit également sentir le frais ! Elle doit être conditionnée dans une bouteille ou une boîte de conserve teintée (la lumière est l’ennemie de l’huile d’olive !). En ce qui concerne les profils de goût, je pense que tout dépend des préférences personnelles. Mais qu’elle soit herbacée et poivrée ou florale et beurrée, elle doit traduire le terroir.
Méditerranée et art de la table
Quelles sont tes inspirations culinaires ?
Mes origines culturelles influencent beaucoup ma cuisine. Au quotidien, je ne cuisine jamais rien de sophistiqué parce que je n’ai pas le temps et que je finis souvent par me sentir paresseuse. Je cuisine des choses très simples avec des ingrédients qui me rappellent des saveurs nostalgiques : harissa, ras-el-hanout, sumac, menthe, molasse de grenade…. (ma mère est syrienne !).
Quels sont les ingrédients secrets d’un dîner parfait ?
De l’huile d’olive, des anchois et de la bonne compagnie !
Peux-tu nous en dire plus sur le tablier que tu portes ?
Il est fait à la main à Marseille à partir de tissus anciens en coton, de torchons français, avec un motif patchwork. J’adore celui que je porte à cause de la poche jaune vif ! Il y a beaucoup d’autres pièces uniques qu’ils créent et qui sont si spéciales pour moi et toujours très artisanales.